Underground. Revues alternatives, une sélection mondiale de 1960 à aujourd’hui.

TheLasSuckExposition présentée à la Cité internationale des Arts, dans le cadre de la fête 2015 du graphisme. L’espace d’exposition est reparti sur plusieurs étages et regroupe trois expos différentes: au rez-de -chaussée, Utopies & Réalités,  présentation de deux artistes graphistes, Kazumasa Nagai et Henning Wagenbreth ; au premier étage, We Love Books, présentation de couvertures de livres innovantes et enfin au deuxième étage, Underground.

Cette dernière expo comprend deux salles, et offre un découpage chronologique assez exceptionnel : de 1950 à 2000 puis de 2000 à aujourd’hui, sans aucune explication sur ce choix chronologique et avec deux textes de présentation pratiquement identiques pour les deux périodes. Chapeau ! La première salle est, de loin, la plus intéressante, parce que les revues présentées sont radicales, sans concession, assumant même le vulgaire. La deuxième salle, par contraste, parait beaucoup plus sage et surtout beaucoup plus chic et plus vide de sens. Qu’elles sont loin les années 60 !

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Ces couvertures de magazine underground nous plongent dans un univers mental et artistique qui a été celui d’une révolution, au sens le plus plein du terme. Irrévérence, contestation, appel à la révolte et à la défiance : autant de ruptures vis-à-vis d’un ordre social et moral contre lequel ces artistes cherchent à bâtir quelque chose. Les cyniques diront qu’on sait ce que ça a donné, et, effectivement, cette révolution fut éphémère. Mais quelle créativité ! Quel débordement ! Quelle liberté !

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Par contre, disons-le franchement : si les documents présentés sont exceptionnels, leur agencement dans les salles d’exposition ne les met pas en valeur. Les Unes sont collées sur les murs des deux salles, avec pour seul accompagnement un panneau avec la liste des revues exposées et numérotées. Sur ce panneau ne sont rappelés que le nom de la revue (normalement avec de bons yeux, on peut le lire nous-mêmes), et la date de la Une exposées (pareil, on le voit par nous-mêmes). C’est tout. Pas de contextualisation, même pas de nom d’artiste, encore moins de tendance (on couvre quand même près de 50 ans d’histoire des revues underground). Je veux bien qu’on laisse le spectateur se faire sa propre idée des œuvres, mais je soupçonne parfois les organisateurs de ne pas avoir la capacité de construire un propos argumenté. Cette tendance à exposer de manière brute les œuvres (tendance qui se retrouve dans les salles consacrées aux livres), me parait de plus en plus fumeuse.

Ah, tans pis, et consolons-nous avec les memorabilia d’une époque qui mélangeait rock, fantasy, libération sexuelle, pacifisme, marxisme-léninisme et champignons. Lire Tolkien en faisant l’amour après avoir fumé et en conspuant l’ordre moral :

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