Winter Break d’Alexander Payne

Paul Hunham (Paul Giamatti) est professeur d’histoire dans un lycée privé de Nouvelle-Angleterre. Il est sollicité par la direction pour remplacer un collègue qui devait rester avec certains élèves pendant la période des vacances de Noël. Comme Paul n’a ni femme ni enfant, il accepte de remplacer son collègue et pense profiter de cette période de vacances pour lire et travailler.

Cinq élèves sont consignés au lycée pendant les vacances de Noël. Mais bientôt il n’en reste plus qu’un, Angus (Dominic Sessa), les autres ayant finalement l’autorisation de partir à la neige avec une famille.

Mary (Da’vine Joy Randolph) est cantinière au lycée et comme Paul, elle est de garde. Elle traverse une période difficile, après la mort de son fils unique, tué au Vietnam.

Ensemble, ils vont essayer contre mauvaise fortune de faire bon cœur.

Winter Break est typiquement ce qu’on appelle un feel-good movie : un film dont l’ambition principale est de faire que le spectateur se sente bien en le regardant et en sortant de la salle. Dans le cas de Winter Break, le but est atteint et même dépassé, car, à quelques reprises, le propos du film dépasse le cadre et livre quelques remarques / réflexions sur le système scolaire actuel et les inégalités qui le caractérisent.

Ce qui permet au film de dépasser son cadre uniquement plaisant est le personnage de Mary, magnifiquement interprété par Da’vine Joy Randolph. En peu de scènes et avec quelques lignes de dialogue est mis en lumière autour de ce personnage l’enrôlement dans l’armée de jeunes issus des minorités qui espèrent ainsi s’offrir un ticket d’entrée dans les universités. Cela a effectivement été le cas pendant la guerre au Vietnam mais encore récemment lors des guerres en Irak comme l’atteste la magnifique chanson, Private Lily du groupe Moriarty.

Le personnage de Paul, enseignant vieille formule, incarne une certaine idée de l’enseignement basée sur le travail, la lecture et la rigueur. Ses remarques sur ses lycéens, issus de familles privilégiées, qui pensent que tout leur est dû, y compris les diplômes, résonnent encore actuellement et notamment aux États-Unis, après le scandale des pots-de-vin dans les universités américaines. Un personnage intègre, moqué pour son strabisme et son odeur corporel, et qui se défend par ses réparties et son sens de la dérision. Un non-modèle en somme mais qui reste très attachant.

Alexander Payne se serait inspiré d’un film méconnu de Marcel Pagnol, Merlusse, pour concevoir ce film avec son scénariste. Il y a effectivement un peu de pittoresque dans ce film. Après Sideways, The Descendants, et le plus décevant, Downsizing, il livre un conte de Noël plaisant et fort appréciable en ces temps de disette cinématographie.

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